• Sur le thème "Les chemins de campagne" proposé par

    Un poème de Georges Bonnet dans "un ciel à hauteur d'homme" aux édition de L J'ai pris un chemin empierré puis un sentier

    bordé de haies hautes et denses silencieuses

    à mon approche

     

    J'ai marché à pas lents pour ne pas déranger

    L'oreille plaquée contre l'écorce d'un noyer

    j'ai vainement tenté de surprendre ce que

    murmurent les arbres leur petite musique

    à la fois si proche et si différente de la mienne

     

    J'écris maintenant derrière ma fenêtre et quand

    j'écris les mots me regardent

     

     


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  •  

    Tout d’abord ce proverbe japonais :

    « Dans le goûter de l’enfant on trouve les pensées de la mère. »

    Et ce texte de D.H. Lawrence :

    « Personne ne pourra jamais posséder mon âme. Elle a été à ma mère, et elle ne sera plus jamais à personne. Personne ne pourra plus jamais entrer ainsi en moi et me respirer comme une atmosphère. »


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  • Catiechris nous envoie dans les étoiles?  Jean-Pierre Luminet, astrophysicien et poète, s'impose!

     

    Ciel nocturne

    peuple d'étincelles

    ta nuit est une mer sans rivages dont les jours

    sont des îles.

     

    Il y a des portions de firmament

    vides d'étoiles et d'un noir absolu

     

    Certains y voient de simples déchirures

    entre les amas stellaires

     

    D'autres navigateurs prétendent que ces

    masses d'ombre frappent d'aveuglement ceux

    Qui les regardent

     

    Et cet autre:

     

    Quand la lumière se matérialise en fleurs

    blanches sur les buissons

    elle paraît douloureuse seulement aux yeux

    de chair

     

    Et le regard intérieur est pénétration

    lumineuse

                                        "Itinéraire céleste"  le cherche midi


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  • Ecrit de femme. La force et de la délicatesse d' Andrée Chedid, que je sens si proche encore.

     

                 Multiple

     

    Je fonce vers l'horizon

    Qui s'écarte

    Je m'empare du temps

    Qui me fuit

     

    J'épouse mes visages

    D'enfance

    J'adopte mes corps

    D'aujourd'hui

     

    Je me grave

    dans mes turbulences

    Je pénètre

    Mes embellies

     

    Je suis multiple

    Je ne suis personne

    Je suis d'ailleurs

    Je suis d'ici

     

    Sans me hâter

    Je m'acclimate

    A l'immanence

    De la nuit.

                               Andrée Chedid  "Rythmes"  Gallimard


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  •   Pourquoi donc est-ce un homme qui décrit aussi bien mon homme idéal ?

    Cherche un homme qui n’existe pas

    Beau

    Mais pas trop.

    Doux et rude

    Paillard bien que prude

    Religieux et mécréant

    Peau de vache et bon enfant

    Fleurant le soufre et la lavande

    Végétarien aimant la viande.

    Voyageur et casanier

    Désinvolte et cavalier :

    A toutes les heures qui sonnent

    S’occupant de ma personne

    Aux grands, aux petits soins

    Surtout quand j’ai le rhume des foins.

    Me procurant belle aisance

    Sans éprouver de repentance

    Point jaloux de mes soupirants

    Allons plus loin : de mes amants

    Tant il bénit mon existence !

    Faisant semblant d’être ailleurs

    Quand il m’attend chez le coiffeur.

    M’amenant toujours au théâtre

    Quand c’est Antoine et Cléopâtre.

    Toujours chic, même débraillé

    Même complètement déshabillé

    Froid

    Comme saint Eloi

    Chaud

    Quand il le faut.

    Prônant le pour et son contraire

    Trois mailles à l’endroit trois mailles à l’envers

    N’importe quoi pour me plaire

     

    Bon. De ce pas

    Je vais aller me promener au Bois

    Si quelquefois…quelquefois

    Je rencontre un homme qui n’existe pas.

                 René de Obaldia  « Fantasmes de demoiselles » chez Grasset

     


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  • Tiré de "La forêt de l'amour en nous" paru au Mercure de France.

    Traduit de l'arabe par Vénus Khoury et Issa Makhlouf

     

    Là où tu es, tu dois être un corps qui va

    Et vient autour de moi, comme sa maison

    Ni rêve, ni image, ni illusion

    Un corps qui se renouvelle entre mes lèvres,

    Entre mes mains, dans ce que je vois, s'élève en moi

    Rdescend, un corps égal

    Au feu à l'eau au vent et à l'alchimie


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  • Poème de Léon-Paul Fargue     « Kiosque »

    En vain la mer fait le voyage

    Du fond de l’horizon pour baigner tes pieds sages.

    Tu les retires

    Toujours à temps.

     

    Tu te tais, je ne dis rien,

    Mais n’en pensons pas plus, peut-être.

    Mais les lucioles de proche en proche

    Ont tiré leur lampe de poche

    Tout exprès pour faire briller

    Sur tes yeux calmes cette larme

    Que je fus un jour obligé de boire

    La mer est bien assez salée.

     

    Une méduse blonde et bleue

    Qui veut s’instruire en s’attristant

    Traverse les étages bondés de la mer,

    Nette et claire comme un ascenseur,

    Et décoiffe sa lampe à fleur d’eau

    Pour te voir feindre sur le sable

    Avec ton ombrelle, en pleurant,

    Les trois cas d’égalité des triangles.


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  • Chère Lyly, j'ai failli oublier. La belle contribution de Lenaïg me sort de la léthargie où m'a plongée la pluie incessante, et je propose un poème de Francis Blanche, qui devance un peu la saison:

    Dans les bois de l’hiver nos étés se promènent

    Nous les suivons de loin au hasard des sentiers

    Vêtus de souvenirs ils sont là tout entiers

    peuplant de chants d’oiseaux les clairières de chênes

     

    Il faut si peu de chose au bois qui s’effeuillait

    pour faire un carnaval dans ses branches défaites

    Un rayon de soleil fait éclater la fête

    un carré de ciel bleu fait renaître juillet

     

    Les figuiers de Bandol et les pins des Issambres

    accrochent leurs parfums dans les taillis déserts

    et les chants de l’été viennent mêler des airs

    de farandole folle aux valses de décembre


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  • Voici pour ce Jeudi deux ditiques tirés du roman classique chinois "Le rêve dans le pavillon rouge", dans lequel il y a beaucoup de poésies, et un luxe de descriptions minutieuses avec un nombre incalculable (mais peut-être étudié et calculé par quelque chercheur) d'adjectifs et d'expressions pour exprimer des nuances de couleur.

     

    Regrets de printemps, tristesse d'automne, elles-mêmes les ont cherchés;

    Figures de fleurs, visages de lune, pour qui donc fleurit leur beauté?

      ~

    Le jus des gemmes déborde des cupules de verre,

    Et les sucs de jade épaissit au creux des tasses d'ambre.


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  • Pour Olivier de Vaux, ce poème de Jacques Roubaud:

    "Les pigeons de Paris"

    Les pigeons qui chient sur Paris

    ses arbres ses bancs ses automobiles

    attendent que l'Hôtel de ville

    soit propre pour le couvrir de pipi

     

    Les pigeons pollués et gris

    polluent de leurs acides chiures

    façades vitrines et toitures

    les parcs les balcons les mairies

     

    Les pigeons à l'oeil archibête

    choisissent principalement ma tête

    pour y projeter leurs immondices

     

    à la consistance de petits suisses

    Ils ne trouvent rien de mieux à faire

    dans Paris la Ville Lumière.

     

     


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