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Par Nounedeb le 30 Mai 2020 à 11:56
"La faune", tiré du recueil Famines, écrit en 1950:
Et toi, que manges-tu, grouillant ?
- Je mange le velu qui digère le
pulpeux qui ronge le rampant.
Et toi, rampant, que manges-tu ?
- Je dévore le trottinant qui bâfre
l’ailé qui croque le flottant.
Et toi, flottant, que manges-tu ?
- J’engloutis le vulveux qui suce
le ventru qui mâche le sautillant.
Et toi, sautillant, que manges-tu ?
- Je happe le gazouillant qui gobe
le bigarré qui égorge le galopant.
Est-il bon, chers mangeurs, est-il
bon, le goût du sang ?
- Doux, doux ! tu ne sauras jamais
comme il est doux, herbivore !
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Par Nounedeb le 18 Mai 2020 à 12:20
La vie profonde
Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains !
Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l'espace !
Sentir, dans son cœur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.
- S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.
Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du cœur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...
Anna de Noailles, "La vie profonde", dans le recueil Le Cœur innombrable, que vous pouvez écouter ici, lu par Véronique Vella de la Comédie-Française .
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Par Nounedeb le 4 Septembre 2019 à 21:26
de Michel Leiris:
Sans fracas
la ténèbre se dissipe et,
la bouche s’éveillant,
l’enfer pour un peu deviendrait paradis.
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Par Nounedeb le 29 Janvier 2019 à 15:32
Le feu qui danse
L’oiseau qui chante
Le vent qui meurt
Les vagues de la glace
Et les flots de rumeur
Dans l’oreille les cris lointains
du jour qui passe
toutes les flammes lasses
la voix du voyageur
Toute la poudre au ciel
Le talon sur la terre
L’œil fixé sur la route
Où les pas sont inscrits
Que le nombre déroule
Aux noms qui sont partis
Dans les plis des nuages
le visage inconnu
Celui que l’on regarde
Et qui n’est pas venu
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Par Nounedeb le 15 Décembre 2018 à 17:27
XXXIX
Au seuil de la pesanteur, le poète comme l’araignée construit sa route dans le ciel. En partie caché à lui-même, il apparait aux autres, dans les rayons de sa ruse inouïe, mortellement visible.
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Par Nounedeb le 2 Septembre 2018 à 16:19
Je viens de relire avec grand plaisir "Les lettres de mon moulin". Ce texte est tiré de "En Camargue"; j'aurais pu le placer dans la rubrique La Lune...Comme ici, en bord de Gironde, le ciel y est une vaste et profonde coupole où la lune joue un rôle de star.
" ...Tout à coup j'éprouve un tressaillement, une espèce de gêne nerveuse, comme si j'avais quelqu'un derrière moi. Je me retourne, et j'aperçois le compagnon des belles nuits, la lune, une large lune toute ronde, qui se lève doucement, avec un mouvement d'ascension d'abord très sensible, et se ralentissant à mesure qu'elle s'éloigne de l'horizon..."
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Par Nounedeb le 14 Avril 2018 à 10:59
LE TEMPS PASSE
Je n'admire tant la Lune
que depuis que je sais qu'en arabe
elle s'appelle QMR
La lune joue sur l'enfance plane en des vagues qui se résorbent dans les feuilles des arbres cerceau subtil et lourd pâte d'éternité
Un soldat s'immobilise au chant du hibou au cristal frappé du crapaud La lune chante les herbes pures du sommeil qui s'ignore
Les rats dansent dans les villes Les gares se taisent et se taisent aussi ceux qui hurlent la nuit ceux qui geignent dans le silence
La mémoire s'étend jusqu'au passé des autres Hypocrite érudit tu ne pleureras plus
dispersé en toi-même
nrf Gallimard
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Par Nounedeb le 27 Février 2018 à 09:02
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources de couleurs
Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout ton sang coule dans leurs regards.
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Par Nounedeb le 17 Décembre 2016 à 08:36
on parle de rideaux de pluie
comme de rideaux de perles
que se passe-t-il au-delà
la montagne existe-t-elle
on est mouillé de l’intérieur
on nage en soi, si l’on se noie
peut-être verra-t-on la mer
la trouble mer qu’on porte en soi
Jean-Claude Pirotte (1939-2014)
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Par Nounedeb le 17 Septembre 2016 à 12:22
"Celui qui chante va de la joie à la mélodie, celui qui entend, de la mélodie à la joie."
(Extrait de "A quatre voix")
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