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"La faune", tiré du recueil Famines, écrit en 1950:
Et toi, que manges-tu, grouillant ?
- Je mange le velu qui digère le
pulpeux qui ronge le rampant.
Et toi, rampant, que manges-tu ?
- Je dévore le trottinant qui bâfre
l’ailé qui croque le flottant.
Et toi, flottant, que manges-tu ?
- J’engloutis le vulveux qui suce
le ventru qui mâche le sautillant.
Et toi, sautillant, que manges-tu ?
- Je happe le gazouillant qui gobe
le bigarré qui égorge le galopant.
Est-il bon, chers mangeurs, est-il
bon, le goût du sang ?
- Doux, doux ! tu ne sauras jamais
comme il est doux, herbivore !
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La vie profonde
Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains !
Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l'espace !
Sentir, dans son cœur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.
- S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.
Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du cœur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...
Anna de Noailles, "La vie profonde", dans le recueil Le Cœur innombrable, que vous pouvez écouter ici, lu par Véronique Vella de la Comédie-Française .
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A Suzâme "de ma main à l'écorce" http://suzame-ecriture.over-blog.com/tag/textoesies/
Sous la main posée sur l’écorce
Court le fluide figé du Temps,
Lent fleuve inerte,
Ecoulement de lave végétale.
Sous la main posée sur l’écorce
Rencontre de deux pulsations,
D’une vie courte et d’une lente,
Accord sensible et doux de ces deux univers.
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Au temps de la fraise
Faut pas qu’on se baise
Au temps des cerises
On s’f’ra pas la bise
Pour les abricots
On s’f’ra plein de bécots !
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Petit musicien
Gai comme lutin
Chante à ses peluches
Qui piaillent comme perruches
Sur un air moqueur
La mélodie du bonheur.
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Une goutte de pluie a roulé
Au bout de mon nez.
Je me suis mouchée,
J’ai louché.
J’ai vu deux nez
Et le jardin tout trempé.
Un escargot glisse
Comme une limace,
Laissant une trace.
Au bord d’une flaque -
Limace ou bien phoque ?
Tes bottes font flic-floc.
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J'ai été en communion de pensée avec Marie de Hennezel, entendue sur "les matins de France culture". Ma singularité me fait juste souhaiter mourir seule et chez moi.
On peut réécouter ici:
https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/marie-de-hennezel-est-linvitee-des-matins
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Dans l’herbe bien haute
Où la grenouille saute
Je vois un trou rond :
L’antre du grillon.
Dans les boutons d’or
Qui se cache encore ?
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Tout au bout de l’allée
Cuzco guette les bruits :
Le rossignol qui chante,
Le coucou, assourdi,
Chardonnerets, mésanges –
Le rouge-queue a fait son nid.
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Kipling a écrit une histoire :
C’est « le chat qui s’en va tout seul ».
Toi, sur ton nouveau vélo,
Tout fier, sans personne devant
Tu es le petit garçon qui s’en va tout seul.
~
~
Chante donc, tu seras oiseau.
T’envoleras, à tire-larigot,
A moins qu’à tire-d’aile,
Sur le dos d’une chanson.
~
Chaise longue auprès du figuier
Pour quelle sieste ?
Zinzin, Zinzolin,
Zinzin, Zanzibar,
Zadig et Zaïre,
Zinzin, Zinzolin,
Et Zut ! Quelle Zarzuela !
En plus des mouches, le merle !
Debout !
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