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Je viens de lire ce "théâtre d'ombres" de Philippe Forest. J'aimerais un mot plus subtil que dégustation pour exprimer le plaisir raffiné que j’ai pris tout au long de ma lecture. Comme j'imagine que pourrait être la dégustation délicate d'un vin qui libérerait peu à peu des arômes complexes et profonds, sublimés par un léger pétillement flou. Un labyrinthe où l'on ne se perdrait pas vraiment, des questions qui n'auraient jamais de réponses, un vertige mais pas seulement.
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Grâce à France Musique, que j’écoute beaucoup, j’ai découvert cette très belle œuvre de Sibelius, « En Saga ». J’ai eu l’impression d’entendre comme la part manquante du « Sacre du printemps » : La Terre en son état avant l’apparition de l’Homme. Non pas un fade paradis mais l’équilibre dynamique et instable de la nature avant l’apparition brutale et conquérante de l’homme qu’évoque l’œuvre de Stravinsky.
J’ai vu que En Saga avait été composé avant Le Sacre. Je me plais donc à imaginer que Stravinsky en a écrit la suite…
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On a distribué un objet à chacun. Il fallait parler pour lui à la première personne. J'ai reçu un cintre. Imprimé dans son plastique, j'ai vu "made in china".
« Tchou tse ping » – y parlent chinois j’y comprends rien. Vlan, où qu’y m’ont jeté ? On est serrés comme des sardines, y fait tout noir. Ou là là, on dirait que ça roule et que ça tangue, où qu’on va comme ça ? Ah, ça ne bouge plus. On dirait qu’y nous débarquent, c’que c’est long ! Oh, je vois le jour. Ça parle plus chinois mais pour moi c’est quand même du chinois. Y prennent les prétentieux, les chics ; c’est pour Dior qu’y disent. Di or, c’est peut-être chinois. Ah, ben, voilà qu’y m’foutent dans un carton avec plein de mes jumeaux. C’est pour Kiabi, qu’y disent. Ki a bi, c’est p’être chinois. Ouaahh, je suis enfin accroché sur une barre. Quel confort. Qu’est-ce qu’y vont me mettre ? Oh, chouette, une jolie petite robe à fleurs, je parie quelle va pas y rester longtemps. Té, voilà une p'tite demoiselle qui m’attrape. Cabine d’essayage, la robe lui va, vlan à la poubelle... Et ça recommence : y m’jettent dans un container on est tassés comment harengs en barriques y fait tout noir ça s’remet à tanguer et à rouler – ah, on arrive. En Centre Afrique, qu’y disent. C’est peut-être un centre où y a du fric oh, non beurk ! Y nous déversent dans une décharge. J'crois bien que je suis mort.
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La lecture du "Bestiaire tendre et enchanté" de Maurice Genevoix, le soir, avant de m'endormir, m'a apaisée malgré la grande anxiété de ces jours d'Avril.
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Bruine sur le jardin
comme drapé dans sa pudeur
il s’estompe
Duvet vert aux branches
et fleurs à profusion
le chant du coucou
Envie de sieste
sous cerisier en fleurs -
vos gueules les oiseaux
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Cette nuit il a plu rouge
D’une poussière de sang
Qui éclabousse l’humanité.
Le ciel en a pleuré.
(Dépôt de sable rouge venu du Sahara, et guerre d'Ukraine.)
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Rêverie sur l'affiche du Printemps des Poètes:
Un arbre a mis sa robe
Dans son dos rouge
Ses épaules sont nues
Et la femme s’est tue
A la beauté du soir
Qui chavire éphémère
L’arbre est une femme nue
Qui met à sac le feuillage éphémère
Le soir est rouge en robe du noir
La femme porte l’éphémère
La vie est éphémère
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Si, de l’écriture, des mots pouvaient jaillir comme des étincelles, brillants ou mats, et que l’on pourrait triturer, modeler, comme s’ils étaient d’argile. On les délivrerait alors – délivrance comme un accouchement – de l’obsession du sens. Pourrait alors éclore tout un imaginaire, sombre ou bien clair ; des mots de poésie.
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Une année qui commence avec un cadeau musical des "Arts Florissants" et Paul Agnew. Ils nous offrent ce Purcell :
https://www.youtube.com/watch?v=mysmaApdDls
BONNE ANNÉE en musiques.
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Un luth et un poème suffisent à mon bonheur.
Errer au loin est un trésor,
Empli de la Voie que je parcours seul
Vers la fin du savoir et du moi.
Tranquille et sans soucis,
Pourquoi chercher autrui?
Je suis un habitant des montagnes magiques
Qui réjouit sa pensée et nourrit son esprit.
Tiré de "chants taoistes".
Anthologie de la poésie chinoise IIIème - XIème siècle. Albin Michel.
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