Par Nounedeb
J’en arrive à la fin de l’œuvre (pour la troisième fois, et je me rends compte combien c’était nécessaire pour pouvoir savourer au mieux sa géniale et humoristique complexité). De « La prisonnière » à « La fugitive » et à « Le temps retrouvé », il y a un crescendo vertigineux d’analyses, de psychologie, de réflexions, quand soudain l’auteur conçoit son œuvre sur le Temps quasiment en son entier en même temps que la nécessité d’enfin l’écrire. Tout s’éclaire à tel point que j’aurais presque envie de reprendre au début pour nouvelles découvertes. Tout s’éclaire et aussitôt tout se brouille car ce diable de narrateur (qui est l’auteur ?), dans un hommage éperdu à la littérature, à l’art, aux créateurs, montre comme se mêlent dans le Temps réalité, souvenirs et imaginaire, et toute ébahie, j’ai l’impression, par ma réflexion même, d’être entrainée moi aussi parmi les personnages de « La recherche ». Proust me donne plus loin raison en écrivant à propos de ses futurs lecteurs : « Car ils ne seraient pas, selon moi, mes lecteurs, mais les propres lecteurs d’eux-mêmes,… ». Puis vient l’extravagante et assassine galerie de portraits sur les ravages de la vieillesse.
Le narrateur est devenu Proust. Il a fait ce qu’il a écrit. Il s’est alité, reclus, pour écrire son Œuvre ; il est mort avant le naufrage avilissant du grand âge et c’est bien.
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