• ATELIER ECRITURE LOCAL 4

    On a distribué un objet à chacun. Il fallait parler pour lui à la première personne. J'ai reçu un cintre. Imprimé dans son plastique, j'ai vu "made in china".

     « Tchou tse ping » – y parlent chinois j’y comprends rien. Vlan, où qu’y m’ont jeté ? On est serrés comme des sardines, y fait tout noir. Ou là là, on dirait que ça roule et que ça tangue, où qu’on va comme ça ? Ah, ça ne bouge plus. On dirait qu’y nous débarquent, c’que c’est long ! Oh, je vois le jour. Ça parle plus chinois mais pour moi c’est quand même du chinois. Y prennent les prétentieux, les chics ; c’est pour Dior qu’y disent. Di or, c’est peut-être chinois. Ah, ben, voilà qu’y m’foutent dans un carton avec plein de mes jumeaux. C’est pour Kiabi, qu’y disent. Ki a bi, c’est p’être chinois. Ouaahh, je suis enfin accroché  sur une barre. Quel confort. Qu’est-ce qu’y vont me mettre ? Oh, chouette, une jolie petite robe à fleurs, je parie quelle va pas y rester longtemps. Té, voilà une p'tite demoiselle qui m’attrape. Cabine d’essayage, la robe lui va, vlan à la poubelle... Et ça recommence : y m’jettent dans un container on est tassés comment harengs en barriques y fait tout noir ça s’remet à tanguer et à rouler – ah, on arrive. En Centre Afrique, qu’y disent. C’est peut-être un centre où y a du fric oh, non beurk ! Y nous déversent dans une décharge. J'crois bien que je suis mort.

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 7 Juin 2022 à 10:47
    Le périple d'un pauvre cintre. Très réussi, votre texte !
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