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ARCHIPEL POTAGER
En Octobre
Plus un concombre.
Les oiseaux, revenus en nombre
Se mêlent aux feuilles d'arbres
Qui tombent. Bientôt le figuier glabre
Ne donnera presque plus d'ombre.
Un peu d'eau encore dans le timbre-
Il a fait sec. Pour quel opprobre?
Argiope, araignée ethnique
Noire et jaune,
Vibre au milieu de sa toile
Marquée d'un zigzag graphique.
Dans l'archipel desséché
Les courgettes
Ont l'air de trompettes
Et les piments piquent du nez.
Dans le jardin
Des herbes folles
De folie ordinaire.Sous le cerisier
Le chat s’abrite.
Noires pensées ?
Que font les chats la nuit
Quand la lune
Grande ouverte, veille ?~Le printemps dégouline. Les roses en bouillie
On fait le plein de pluie. Le persil plat culmine.
~~Le persil plat culmine et va monter en graine.
La coriandre aussi et la folle roquette :
La houle monte haut dans l’archipel mouillé.
Il faut abandonner toute fierté absconse :
Si les framboises vont bien, le maïs rachitique
Ne saura soutenir la belle exubérance
De quelques haricots à rame un peu foutraques.
~~~De quelques haricots à rame un peu foutraques,
Attendre cependant qu’ils aient daigné germer.
Comme un chevalier blanc doté d’armes fatales
J’irai, taillant d’estoc et arrachant bien bas
Telle un épouvantail à pile Duracell,
Pourfendant les limaces pour la énième fois.
~~~~Pour la énième fois, après un midi calme,
Au diapason d’un gai grillon la tourterelle
Roule son chant. Tout ce que je ne perçois pas
D’une sieste à l’autre semble dormir. Mais aux aguets
De son air mou le chat se traîne. C’est midi calme.
Pour entrer dans mon port d’attache :
Sentir le jasmin dans la narine bâbord
Le chèvrefeuille dans la narine tribord
Mettre la barre droite et accoster sur l’erre.
Archipel – anarchie
Où règne la folie
Chienlit panachée
Charpie chipotée.
Silencieuse, souple, discrète,
La couleuvre
A coulé sous la vigne-vierge.Marée montante dans l’archipel.
L’herbe, vert goémon fertile
Monte à l’assaut des basses îles.
Vient la saison des fruits de Mai
Et pêche à pied dans l’archipel.
Minuscules, juteuses et sucrées
On mange les fèves en croqu’au sel
Avec une tartine de beurre.
Les arbres, bouffées de fumées vertes.
Des parfums à foison.
Du pollen.
Phéromones.
J’ai entendu le chant de l’amandier
Comme une eau fraîche qui s’écoule.
A la barre de la brouette, avec le pommier pour amer,
Comme un volcan cicatrisé aux fumerolles de fleurs roses.
Il faut virer sous l’amandier qui a des envies d’anarchie.
A la limite du grand large labouré de sillons,
Les pruniers désolés, funèbres Talenduics.
Ce matin sur l’herbe vert pomme,
Les feuilles grises des lavandes
Vibraient
D’un surprenant bleu ardoise,
Comme une dissonance.
Le sexe des pommes de terre ?
En avoir ou pas ?
Etre ou ne pas être
Une pomme de terre,
Un pot en fer.
Une motte de terre
Un mot de trop ?
Tout serait dans le germe :
La chair du sperme ?
Qu’est cette masse noire moll’poilue
Dans laquelle luit parfois
La fente d’un œil vert ?
Les pieds dans rosée de diamants,
Les fleurs de l’amandier
M’enivrent.
Moucherons dans le soleil
Comme poussière
Dans un rai de lumière.
Tags : folle, d’un, l’erre, l’archipel, roses
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