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    La brocante mouillée

    Les parasols s'égouttent.

    Les cartons ramollis se vident par le fond

    Et les rares passants levant leur parapluie

    Pataugent

    Comme dans un film de Jacques Tati.

     Ce serait: "Jour de pluie"

     

     

      Pour pouvoir jouer au mikado

    Avec les feuilles de la vigne-vierge,

    Le vent en arrache les limbes

    Qui tombent en rouges tourbillons.

    Les pétioles restent accrochés,

    Fourrure rose sur le mur

    Qui ressemble à un hérisson.

    Et puis eux aussi se détachent,

    Et le vent joue au mikado.

     

     

    [25 août] 

    Je crains qu'il ne lance sa foudre,

    Jupiter, que j'ai pris pour Mars;

    Et même si je n'ai rien à perdre

    J'aimerais mieux ne pas en découdre 

    Avec les étoiles du soir.

     

     

    La météo comme mon cœur :

    L’angoisse le serre, et l’habite en sourdine

    Comme un continuo.

    Le soleil, lavé par la pluie, me fait sourire à nouveau.

    Allégresse, teintée de tristesse.

    Sehnsucht, saudade, mélancolie…

     

     

     

    Un coulis de vent frais

    A nappé

    Des colonnes de nuages en transhumance.

     

     

     

    Un vent de cleptres,

    Un vent qui court

    Sur les chaumes et les pailles.

    Un chant de cleptres,

    Sonnailles sèches.

     

     

    Bain de mer

    Chemin de fer

     Un goût amer

    L'été se perd.

     

     

    L’averse a mouillé le sol

    - Souille traversée d’eau sale –

    - Et, versatile, a molli en vol.

     

     

     

    Juillet met du vert dans son jaune.

    Ver luisant, gouttes au soleil naissant,

    Juillet se vautre dans les gemmes.

     

     

    [7 octobre 2009]

    Ces grands souffles d'air chaud,

    Pour nourrir quelles peurs,

    Quels fantasmes nouveaux?

    Culpabilités vaines.

     

     

    Soir après le jour: étoiles et planètes.

     Matin avant le jour: vers luisants.

     

     

     

    Bleu, ventre sans faim,

    Trou noir vorace,

    Gouffre d’infinis.

     

     

      Bleu dense, profond, minéral,

    Leurre de liberté,

    Matière épaisse, chaleur abyssale.

     

     

     

    Juin est bleu.

    Bleu. C’est de la matière

    Impalpable d’un ciel léger, volatile,

    Emulsionné par le vent.

     

     

     

     

    Bleu poudreux, crayeux, leurre de blancheur.

    Bleu pastel, volatile.

    Bleu qui vrille dans l’oreille ;

    Bleu léger de papillon.

     

     

     

    Avec la bise voici la grêle

    Et ça éloise : où sont les berges ?

    On se perd grave et l’on gamberge.

    Revient la brise avec la frime.

    Que fait la grive dans les framboises ?

     

     

     

    Mais Mai…

    Mais mettre du blanc dans le vert,

    Du blanc dans le verre,

    Un p’tit blanc au comptoir,

    J’aime pas compter,

    J’préfère le rouge.

    Mais Mai…

    Mettre un peu de blanc dans le rouge.

    Mai est rose.

     

     

    Bourrasques et sanglots

    Foutraques, soubresauts.

    Le vent qui secoue tout

    Comme un fou.

     

     

      Avril se dilue, aquarelle noyée ;

    Dénouées, ligatures mentales ;

    Lavés, résidus mémoriels :

    Accueillir Mai, état de grâce ?

     

     

     

     

     

     

    Secouer délicatement 

    Du bout des doigts la poussière 

    La poussière d'aurore boréale.

     

     

     

    Le froid est une sombre prison,

    Une gangue épaisse que seul

    Un rayon d’air plus doux peut dissoudre.

     

     

     

    A nuit noire

    Lune ronde :

    Ainsi va le monde.

     

     

     

     

    Aujourd’hui Ste. Angèle,

    Belle ange avec une aile,

    Il y a un an que l’on gèle.

    Elegna dans ses langes.

    Et son leg? gelé, na!

     

     

    Qu’est donc cette boule de terre

    Absurde

    Lancée comme boule de neige

    A travers l’univers ?

     

     

     

    En hiver, comme c’est étrange

    Glace rime avec mésanges

    Tristesse avec félicité.

    En hiver comme c’est étrange

    Rien n’est sûr, tout est fumée.

     

     

     

     

    Froid cru de la nuit

    Pétillante d’étoiles.

     

     

     

     

    Entre les parenthèses

    D’un coucher de soleil rougeoyant

    Et son lever comme un rubis :

    Nuit nacrée de lune amoindrie.

     

     

     

     

    Dans la nuit bleue

    Ciel floconneux :

    Un œil de lune.

     

     

    Quand le vent entre en transe

    Le fanal se balance

    Nuit de démence.


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